Les cours de préparation aux sujets au programme en civilisation sont assurés par des spécialistes.

Les cours sont répartis en cours magistraux (CM) et travaux dirigés (TD), permettant aux étudiant.e.s d’acquérir des connaissances théoriques et historiques, puis de les mettre en pratique. Afin de mieux gérer le travail des étudiant.e.s, les œuvres sont traitées de façon échelonnée tout au cours de l’année (le sujet d’option pour l’oral est ainsi traité au 3e trimestre).

Civilisation

Programme de civilisation pour l'agrégation externe (2023-2024)

Puritanisme

Cours assuré par Yan Brailowsky et Myriam-Isabelle Ducrocq.

  1. Lire le texte de cadrage : Programme de l’agrégation externe d’anglais et visionner la discussion avec les conceptrices du sujet (ci-dessous, section ‘bibliographie’)
  2. Lire en priorité ces ouvrages :
  • Coffey, John, and Paul C. H. Lim, eds. The Cambridge Companion to Puritanism. Cambridge University Press. Cambridge, 2008. https://doi.org/10.1017/CCOL9780521860888.
  • Dunan-Page, Anne, and Sandrine Parageau, eds. ‘Émergence et transformations du puritanisme en Angleterre (1559-1642).’ Revue Française de Civilisation Britannique, XXVII.3 (2022). https://journals.openedition.org/rfcb/9716.
  • Gheeraert-Graffeuille, Claire, and Aude De Mézerac. ‘Émergence et transformation du puritanisme : quelques jalons historiographiques (1559-1660)’. Etudes Anglaises 75, no. 4 (2022): 387–413. https://hal.science/hal-04035491.
  • Hall, David D. The Puritans: A Transatlantic History. Princeton, NJ: Princeton University Press, 2019.
  • Himy, Armand. Le Puritanisme. Que Sais-Je? Paris: Presses universitaires de France, 1987.
  • Selzner, Cyril, ed. Émergence et transformation du puritanisme en Angleterre, 1559-1642. Paris: Ellipses, 2022.
  • Spurr, John. English Puritanism, 1603-1689. Basingstoke: Palgrave Macmillan, 1998.
  • Winship, Michael P. Hot Protestants: A History of Puritanism in England and America. New Haven, Conn.: Yale University Press, 2021.

3. Visionner des colloques ou séminaires :

Il faut avoir une idée précise de la chronologie des événements, une bonne connaissance des enjeux autour de la Réforme en Angleterre (et si vous n’êtes pas familiers de l’histoire de la Réforme en Angleterre, prenez un manuel sur la question).

Il faut établir des fiches pour identifier rapidement :

  1. les principaux acteurs des débats autour du puritanisme (ex. auteurs de pamphlets, principaux théologiens, évêques et archevêques, etc.) ;
  2. les principaux points de friction (ex. les théories du Salut [soteriology] ; le Sabbatarianisme ; les presbytériens contre les épiscopaliens [ex. les Marprelate Tracts] ; les conflits autour des habits cléricaux (Vestiarian controversy) ; les réformes de Laud ; etc.)

Une bibliographie préparée par Anne Page et Sandrine Parageau est disponible sur le site de la SAES :

https://saesfrance.org/bibliographies-pour-le-programme-de-lagregation-de-la-session-2024/

Il faut privilégier les ouvrages dans les sections grisées.

La bibliographie et la question ont également fait l’objet d’une table-ronde en juin 2022 :

Les Etats-Unis et l’Amérique latine de Franklin D. Roosevelt à Barack Obama (1933 – 2017)

Cours assuré par Hélène Solot.

Afin de commencer votre préparation pendant l’été, je vous conseille tout d’abord de lire le texte de cadrage de la question (https://saesfrance.org/wp-content/uploads/2023/03/Programme-p2024_agreg_ext_lve_anglais_1430444.pdf) et de regarder la présentation de la question faite par Isabelle Vagnoux lors du dernier congrès de la SAES (https://www.youtube.com/watch?v=ci0QON_WEHA). Cette lecture et ce visionnage vous permettront une première approche de cette question qui, embrassant une large période, doit être bien comprise comme une question d’histoire diplomatique et de politique étrangère des Etats-Unis. C’est ainsi seulement sous l’angle diplomatique et politique que doivent être envisagées les dimensions économiques ou migratoires évoquées dans le texte de cadrage.

Vu la nature de la question, il est également essentiel de vous constituer dès à présent un ensemble de cartes (à partir d’atlas ou de cartes que vous trouverez en bibliothèque ou en ligne) afin de bien maîtriser la géographie de l’Amérique latine (pays, capitales, sens donné à des ensembles tels que l’Amérique centrale ou l’Amérique du Sud, etc.).

Le texte de cadrage et la présentation de la question vous donneront aussi l’opportunité d’identifier certains des concepts et des termes de vocabulaire qu’il vous faudra connaître (hégémonie, modernisation, etc.) et dont vous pouvez donc établir une liste et de premières définitions. Vous pouvez pour ce faire utiliser des outils de travail tels que l’Historical Dictionary of U.S.-Latin American Relations (D. W. Dent 2005), The Oxford Encyclopedia of American Military and Diplomatic History (Paul S. Boyer & alii, ed., 2013) ou encore l’Encyclopedia of American Foreign Policy, (A. DeConde & alii, ed., 2002). Ces outils de travail vous permettront par ailleurs de vous constituer des biographies pour certains des principaux acteurs des relations entre Etats-Unis et Amérique latine entre 1933 et 2017 (tels que les présidents américains et leurs principaux conseillers en matière de relations étrangères comme Henry Kissinger ou George Kennan, par exemple) ainsi que des fiches sur des institutions ou des accords (par exemple l’ALENA) qui ont une place centrale dans cette histoire. D’autres dictionnaires et encyclopédies peuvent tout à fait être mobilisés, en prêtant toujours attention au profil des auteurs des articles consultés (spécialistes ou non des questions évoquées, positionnement historiographique) et à la date de publication des ouvrages. Gardez aussi à l’esprit au moment de la préparation de vos fiches que vous aurez à utiliser ces concepts et termes en anglais comme en français dans le cadre des différentes épreuves d’admissibilité et d’admission.

Ainsi que le rappelle la bibliographie préparée par Isabelle Vagnoux (https://saesfrance.org/bibliographies-pour-le-programme-de-lagregation-de-la-session-2024/), les relations entre les Etats-Unis et l’Amérique latine entre 1933 et 2017 seront à replacer dans un contexte plus large. Ce contexte sera celui de l’histoire intérieure des Etats-Unis : vous pourrez, si besoin, rafraîchir vos connaissances concernant cette histoire en relisant les chapitres concernés dans The American Yawp (https://www.americanyawp.com/) ou tout autre manuel d’histoire américaine. Il sera aussi celui de l’histoire de la politique étrangère des Etats-Unis, au-delà des relations avec l’Amérique latine, et vous pouvez sur ce sujet lire Rise to Globalism, American Foreign Policy (S. E. Ambrose & D. G. Brinkley, 9è édition, 2012) ou encore les chapitres concernant la période dans le second volume d’American Foreign Relations (T. Paterson & alii, 8è édition, 2014).

Pour une première entrée dans la question à proprement parler et pour commencer à constituer une indispensable chronologie de la période, vous pouvez vous tourner vers l’ouvrage de Lester D. Langley, America and the Americas : The United States in the Western Hemisphere (2è édition, 2010) ou celui de Kyle Longley, In the Eagle’s Shadow : The United States and Latin America (2è édition, 2009). Si ces études portent sur une période plus longue que celle définie par la question, elles peuvent aussi fournir des repères importants sur la période antérieure. Une fois ces lectures générales faites et pour explorer plus avant un aspect spécifiques de la question, vous pouvez consulter les ouvrages et articles de la bibliographie d’Isabelle Vagnoux, en commençant par ceux listés dans les parties grisées.

Enfin, n’oubliez pas les possibilités d’aborder la question sous d’autres formats, par exemple celui des podcasts. Ainsi, les auteurs de plusieurs des ouvrages inclus à la bibliographie ont évoqué leurs travaux et positionnements historiographiques dans des épisodes du « New Books Network – Latin American Studies » (https://newbooksnetwork.com/category/peoples-places/latin-american-studies). Vous pourrez aussi trouver intéressants certains des épisodes de l’Institute for the Study of the Americas (UNC) ou même de podcasts plus généralistes tels que « Throughline » de NPR (épisode sur Henry Kissinger ou sur la Grenade).

[option oral] Le conflit nord-irlandais : vers une paix inachevée ? (1969-2007)

Cours assuré par Thierry Labica.

CherEs étudiantEs

Voici, un peu tardivement, quelques suggestions pour commencer à aborder la question d’agrégation concernant l’Irlande du nord, sans excès ni précipitation inutiles. Mais sans non plus attendre la fin des écrits.

En préalable, je suis très heureux qu’il nous soit donné l’occasion de nous intéresser à cette histoire si rarement abordée dans les enseignements sur la Grande-Bretagne au XXe siècle et plus particulièrement à partir de la fin des années 1960.

Pour rester bref,

1/

en préalable, il faut bien garder à l’esprit ce que certainEs d’entre vous savent déjà : vous n’êtes pas tenuEs de devenir des expertEs de la question nord-irlandaise au bout de quelques mois de préparation. Cette question d’agrégation, comme toutes les autres, n’est ni un sujet de thèse, ni un programme de recherche.

La réussite au concours continue de dépendre de la maîtrise (triple) de l’ensemble d’un programme, de l’anglais écrit et oral, et du format des épreuves. C’est le cadre auquel est entièrement subordonnée la question à l’étude.

Je vous invite donc à ne pas vous laisser intimider par les bibliographies surdimensionnées (et non hiérarchisées, comme c’est souvent le cas, de surcroît) que bien sur, personne ne lira jamais, hormis les chercheuses et chercheurs les plus documentéEs sur la question. Au risque de m’appesantir, lire 32 livres entiers sur l’Irlande du nord ne vous préparerait ni à des présentations orales calées sur 25 minutes, ni à parler l’anglais avec la clarté et l’aisance attendues (et vous obligerait en outre à faire l’impasse sur tout le reste).

2/

Pour ce qui nous concerne, donc, la priorité est, globalement, de bien se repérer dans cette séquence historique et dans sa géographie, en dépit de la très petite taille du territoire concerné. Bien se repérer

– par la connaissance et la compréhension des forces qui s’y affrontent (quelles organisations, discours, visées programmatiques),

– en distinguant clairement les principaux moments de ces rapports de force (en commençant par être au clair sur le choix de sa délimitation (1969- 2007) ainsi que leurs différentes modalités, et

– en se familiarisant avec les principaux points de vue analytiques et les principales interprétations de la trajectoire historique étudiée (une ou deux séances du cours seront consacrées à l’historiographie de la période qui commence à partir de 1968-69).

Ce sera déjà pas mal !

3/

En d’autres termes, il faut garder en tête que nous préparons un concours de l’enseignement… à des élèves : devant des élèves, ser(i)ons-nous à même de choisir cette thématique générale et de présenter, contextualiser, exploiter à des fins pédagogiques, des documents qui lui sont relatifs ? Serions-nous en mesure de les guider parmi un répertoire de notions/mots-clés, d’évènements, de figures politiques, de questions issues d’une histoire profonde, de points de vue souvent irréconciliables ?

4/

Il faut d’ailleurs ajouter un point, sans doute plus important ici que dans d’autres cas, sur d’autres thèmes: la capacité à maintenir la distance analytique nécessaire. En effet, nous nous intéressons à une question récente et à divers titres, encore vive dans l’actualité politique britannique post-Brexit comme en Irlande même. En Grande-Bretagne, le regard sur l’Irlande du Nord, quand il existe, a généralement été porté à travers le filtre du « terrorisme », de ses condamnations impératives et inconditionnelles et le point de vue républicain (Sinn Fein, IRA, INLA,…) a longtemps été inaudible, littéralement. Je vous recommande, à ce propos, ces 3 minutes de lecture, qui font une utile entrée en matière, du côté de la distribution de la légitimité et de l’illégitimité des voix de ce conflit (et qui justifient en partir le choix de lecture que je vous propose en conclusion de ces quelques conseils) :

https://www.thejournal.ie/broadcast-ban-uk-30-years-3816443-Jan2018/

(Au passage, la présence de Michelle O’Neill, dirigeante du Sinn Fein en Irlande du Nord depuis 2017, lors du couronnement de Charles III (ou la poignée de main avec Gerry Adams, dirigeant du Sinn Fein de 1983 à 2018, ou un peu plus tôt, entre Martin McGuinness et la Reine) est à l’image des transformations majeures intervenues depuis au moins quinze ans :

https://www.youtube.com/watch?v=20LMxIL5LcY (1’13’’).)

L’intensité et la violence qui ont marqué l’expérience nord-irlandaise invitent les sympathies marquées, les prises de parti ardentes en faveur de telle ou telle position. La chose est bien compréhensible. Toutefois, dans le cadre du concours, il est impératif de se montrer capable de recul et de prise en compte de la diversité des positions dans un contexte profondément et durablement marqué par l’expérience de la lutte armée. Dans le cadre du concours (et probablement hors de ce cadre aussi), les « condamnations » de ceci, et-ou « l’exaltation » de- ou les « hommages » à cela n’ont pas leur place. J’insiste sur ce point (que certains de vos prédécesseurs n’ont malheureusement pas toujours su prendre en compte lorsque la BBC fut au programme : les attitudes d’hommage, expressions de respect etc devant cette « grande » institution étaient parfaitement déplacées, quand bien même la doxa garantissait à ce genre de registre d’être dans une certaine norme. Nous aurons probablement l’occasion d’en reparler).

5/

Pour commencer, donc, je vous encourage à entreprendre votre propre collectage, que vous pourrez facilement mettre en commun par la suite avec les autres personnes préparant cette question.

– je me procure une carte de l’Irlande / Irlande du Nord, préférablement « blank » ou presque https://maps-ireland-ie.com/ireland-blank-map / https://cain.ulster.ac.uk/images/maps/map_NI_counties.jpg

sur laquelle je localiserai moi-même (parce qu’on retient toujours mieux comme ça) les lieux que je vais rencontrer au fil de ma préparation.

Exemple : où se trouve la Burntollet (bridge) du « Burntollet incident » ?

Ou encore : quels sont les secteurs/ villes où la population catholique était plus importante ?

Ou se trouve Derry/Londonderry et qu’est-ce qui fait la spécificité de cette ville dans le contexte nord-irlandais ? (réponse dans un des liens fournis plus bas).

– je prépare un axe chronologique. Oui, oui, on en trouve déjà plein en ligne. Mais il faut faire le sien si l’on ne veut pas se mettre d’emblée en situation de saturation d’information (ce qui, encore une fois, est à éviter). On commence donc, là encore, à construire son propre processus d’appropriation du sujet. Donc, sur une belle et vaste double page, ou sur un A3, ou plus grand si l’on veut (mais il faut quand même pouvoir l’utiliser facilement), je trace une longue ligne horizontale (bon, c’est assez technique, c’est vrai) et je commence à y placer les références temporelles qui me sont déjà familières et /ou déjà mentionnées dans la présentation du programme d’agrég : 1969 /2007 (https://media.devenirenseignant.gouv.fr/file/agreg_externe/44/4/p2024_agreg_ext_lve_anglais_1430444.pdf pages 6-8).

L’incident de Burntollet ? L’année 1972 (but why 1972?) ?… L’arrivée de M. Thatcher au poste de PM ? Bobby Sands et les dix grévistes de la faim ? … L’accord de Belfast (ou du « vendredi saint ») ? …

Je garde ceci à portée de la main, dans mes notes, et je complète au fil du travail de préparation.

Sur cet axe, j’essayerai de distinguer (taille, couleurs, feutres, crayons, surligneurs, aquarelle,…) divers niveaux d’évènements et/ou processus (institutionnels / étatiques, politiques, mobilisations populaires, activités paramilitaires…), et diverses séquences (par exemple, 1969-1972, …, 1998 et après). je peux également inclure des références plus lointaines à des évènements importants pour la question qui nous concerne : la réunification allemande, la fin de l’apartheid sud-africain, les accords d’Oslo, entre autres (l’accord de Belfast s’inscrit dans ce moment plus vaste de résolution – parfois totalement illusoire, il est vrai – des conflits, et de « justice transitionnelle »).

– Je me procure un carnet alphabétique, voire, deux. J’y consigne au moins deux ensembles de choses à mesure que je les rencontre et que j’en comprends l’importance/la signification :

(i) les noms et descriptions succinctes d’individus et d’organisations (avec leur date de création) – qui ne se limitent pas aux plus connues (Sinn Fein, OIRA, PIRA/Provos, SDLP, DUP, UUP, UVF, UDA+ Fine Gael, Fianna Fail). On y ajoutera donc, et par exemple, People’s Democracy, NICRA, DCDA, IRSP et INLA,… PHRC, NILP, NMR,.. LVF, the Monday Club… Je prévoie d’ajouter à cette liste les noms ou acronymes d’instances étatiques comme par exemple le North/South Ministerial Council

(ii) Je dois aussi recenser les mots de la période et ses notions-clés : republicanism, unionism, loyalism, civil rights movement, Good Friday/Belfast Agreement, devolution, bien sur. Mais bien d’autres encore. « ulsterisation », « ‘ra », « taigs », internment, ard fheis*, Bloody Sunday, Bloody Friday, B-specials, sectarian/non-sectarian, marches / parades, Sunningdale Agreement, Stormont, Direct rule, et des noms de lieux tels Short Strand, Shankill, Ardoyne, Falls Road, Bogside, Burntollet

* https://forvo.com/word/ard_fheis/

– Enfin, et une fois les premiers repérages commencés, je peux également disposer en demi-cercle, sur une sorte de cadran, les noms des organisations et personnalités politiques saillantes, en tenant compte de la délimitation générique républicains/unionistes, mais aussi en tenant compte à la fois des nuances importantes à l’intérieur de ces champs et des évolutions politiques et programmatiques des uns et des autres.

Bref, tout ce qui vous permettra de recenser et de visualiser – sans toujours passer par du récit – à partir de votre propre processus d’appropriation, sera le bienvenu.

En outre, ce type de ressource sera facile à partager entre vous au cours du travail de révision (moyen toujours très sûr de progresser).

Tout ce petit travail peut être commencé dès maintenant : une carte, une chronologie (les vôtres), même encore avec très peu de repères et la suite viendra, une carnet alphabétique, même presque vide…

L’oral paraît loin et vous avez déjà beaucoup à faire d’ici là. Mais un début de repérage, même minimal, est nécessaire. (ce qui est vrai pour ceci l’est également pour l’EHP, bien entendu. Mais de cela aussi, nous reparlerons).

______________________________________________

Comme vous le devinez ou comme vous le savez déjà, il existe une très grande quantité de ressources en ligne. Le problème est de faire le tri. Une manière de procéder est de chercher des séquences vidéo (assez courtes) à partir des mots-clés repérés (lieux / évènements, individus/personnalités, notions).

J’ai mentionné ici le Burntollet incident, bonne occasion d’en venir au moment inaugural de la question de l’état de guerre en Irlande du nord à la fin du 20e siècle, euphémisé sous l’appellation elle-même très problématique de « Troubles ». Cet « incident » est généralement considéré être le déclenchement de toute la séquence des « troubles »:

https://materchristi.libguides.com/c.php?g=169418&p=1114542

De choses à noter dans cette video de 8’ (à commencer par ses nuances de points de vue).

Mais pour commencer : pourquoi cette marche, quand, à l’initiative de qui, qui tiraient leur inspiration ou modèle de quelle autre expérience : fut-elle la seule dans son genre, et quelles interprétations ou quelles leçons furent tirées de son issue ? 

A partir de ce documentaire de quelques minutes seulement, voici quelques-unes des notes possibles et explorations à entreprendre, à partir de mots-clés :

(que signifie coat-trailing / a coat-trailing exercise? Terme qui revient plusieurs fois ici)

civil-rights movement /

People’s Democracy (organisation) /

unionists /

march modeled on the 1965 Selma to Montgomery march/

« non-sectarian » /

et

pourquoi Derry / Londonderry ? Quelle est la signification spécifique de cette ville ?

Je vous propose de regarder ceci dés à présent :

https://www.youtube.com/watch?v=AGMP3xm7ar8 (video)

A History of Northern Ireland Unionism, 1964 (35’). Le documentaire est consacré à la ville de Derry. Sa réalisation précède de quelques années le début de la période de crise ouverte. En cela, il fournit des éléments de compréhension déterminants pour la suite. Un de ces éléments en particulier (i) concerne les raisons historiques de la composition démographique/communautaire de la ville de Derry – sa population est majoritairement nationaliste/catholique* – et (ii) les conditions de sa marginalisation politique et sociale structurelle (critères d’attribution du droit de vote, découpage électoral défavorable (gerrymandering), …).

On remarque également (et entre autres) (iii) l’importance accordée au tournant pris par l’Église (catholique romaine) sous Jean XXIII, (iv) les premiers effets des réformes du système éducatif (dont allait être issue la jeune génération militante de cette même décennie) et enfin, et surtout ici (v), la question du logement : on se souviendra que la discrimination dans la politique du logement allait être un objet de revendication et un point de cristallisation majeurs des premières confrontations de la fin des années 1960.

*

Religious distribution in Derry City

Toujours pour la même année 1969, ses images sans commentaire, ou presque, de la Bataille de Bogside (Derry)

https://www.youtube.com/watch?v=uPchydJc1q0

à comparer avec le newsreel de l’époque (2’25’’). qui est l’agresseur et qui est l’agressé ? Qui, l’ordre et la justice, qui le chaos et l’iniquité ?

https://www.youtube.com/watch?v=ZCjNPgNu42g

On voit ici apparaître la figure de Bernadette Devlin (aussi connue sous son nom marital, McAliskey après 1974). Voilà typiquement un personnage à connaître et retenir. On en trouvera de nombreuses vidéos en ligne. On peut d’ores et déjà regarder au moins le début de celle ci : https://www.youtube.com/watch?v=FFUKV5_EwdA Où l’on notera pour commencer, l’extraordinaire jeunesse (24/25 ans ici) et l’extraordinaire aplomb de cette militante – déjà parlementaire depuis 1969 – et incarnation, parmi quelques autres, de la nouveauté des temps politiques en Irlande du nord à la fin des années 1960. Devlin est une des figures centrales de toute la période concernée

L’échange, nettement « confrontational » malgré le calme apparent de l’hôte, permet en premier lieu d’illustrer une position politique spécifique et importante dans ces premières années et par la suite : Devlin défend un point de vue dans une perspective de classe, « non-sectarian », clairement anticoloniale et socialiste. Sur la base de cette orientation, l’entretien aborde divers points et fait référence à divers personnages, évènements et développements qui feront inévitablement partie de votre bagage : internment, le rôle de B-specials, la chute de Stormont, les marches pour les droits civiques, la réémergence de l’IRA, […].

Rien de grave si quelques allusions vous échappent encore, notamment au début de l’entretien («a UDI » = a unilateral declaration of independence »). Ceci nous plonge dans le contexte inaugural de notre question. Je vous encourage à établir une première liste de quelques-uns des sujets abordés puis à réécouter le tout à nouveau dans quelques mois afin de prendre la mesure du progrès de vos connaissances.

Si l’on veut commencer des lectures plus longues, je vous recommande chaleureusement,

Daniel Finn, One Man’s Terrorist : A Political History of the IRA, Verso, 2019 (disponible en français depuis quelques mois sous le titre Par la poudre et par la plume : histoire politique de l’IRA, trad. Laure Mistral, éditions Agone, 2023)

Il va de soi que c’est l’ensemble de la période et de la complexité de ses enjeux, qui est abordée par le prisme annoncé dans le sous-titre, lui-même, une affirmation que l’IRA relève bel et bien d’une histoire politique à part entière, et non d’un simple phénomène « criminel » terroriste. En cela, ce livre nous fait entrer dans la période par son point longtemps maintenu innommable. Or, il s’agit bien d’une composante cruciale de toute la séquence historique qui nous concerne.

Pour une première approche, on peut toujours commencer par lire des entretiens -très utiles- de l’auteur, ici

https://newsocialist.org.uk/one-mans-terrorist/

ou ici

https://www.rebelnews.ie/2021/08/19/interview-with-daniel-finn-part-one/

(nb les enjeux historiographiques abordés au début de cet entretien).

vous pourrez dégager nombre de pistes à explorer à partir de là.

Je vous recommande également le très récent recueil d’articles du reporter Sorj Chalendon, Notre revanche sera le rire de nos enfants. Reportages Irlande. Libération [1977-2006], Black Star éditions, 2022. Le livre paraîtra assez long. Toutefois, il s’agit bien d’un recueil de textes courts, et non d’un récit historique continu. Il peut être lu de manière non linéaire, au gré de ce que vous découvrez. Ces textes, remarquablement écrits, traitent d’un certain nombre de développements majeurs, bien entendu, mais donnent aussi l’occasion s’approcher du vécu ordinaire (généralement violent et tragique) de cette période, et de ces faits que d’autres analyses, politiques, historiques, n’ont pas, ou moins, vocation à prendre en compte. Notre revanche, est une ressource d’une richesse et d’un intérêt considérables par un auteur par ailleurs à l’originaire d’une œuvre journalistique et littéraire (romans) importante.

Voilà, ces quelques liens vidéos et textes en lignes doivent vous permettre une entrée en matière progressive sur la base d’une prise de notes selon le modèle très simple que je vous ai indiqué, ou tout autre chose qui vous conviendra, bien entendu, sans s’épuiser d’emblée, dans tous les cas.

Cordialement et à bientôt

TL